Chapitre 4
Créés pour lui éviter toute vision douloureuse, ce sont les jardins de plaisance voulus par le roi qui vont réveiller cette obsédante réalité de la douleur si souvent ressentie par le Bodhissatva au cours du temps: douleur physique, morale, renouvelée d’existences en existences.
Se rendant dans chacun des parc avec son cocher, il rencontre d’abord un vieillard affaibli, sans protecteur, incapable d’agir.
– Quel est cet homme courbé, cet homme aux cheveux gris ? Sa main décharnée s’attache à un bâton, ses yeux n’ont pas de lumière, ses jambes se dérobent. Est-il un monstre ? Est-ce la nature qui l’a fait ainsi ? Est-ce le hasard ?
– Celle qui détruit la beauté, qui ruine la force, qui enfante la douleur et qui tue le plaisir, celle qui appauvrit la mémoire et qui abat les sens, la vieillesse s’est emparée de cet homme et l’a brisé. Lui aussi fut un enfant qui buvait le lait de sa mère, lui aussi se traîna sur le sol ; il grandit, il fut jeune, il eut la force et la beauté ; puis, il arriva au déclin de l’âge, et, maintenant, tu le vois tout délabré par la vieillesse.
– Subirai-je, moi aussi, un pareil sort ?
– Pour toi aussi, seigneur, passera la jeunesse, pour toi aussi viendra la vieillesse incommode ; avec le temps, nous perdons la vaillance et la beauté.
Au sud il rencontre un malade épuisé arrivé au seuil de la mort, sans protection ni abri. Puis à l’ouest un cortège funèbre se dirigeant vers le bûcher. Alors évoquant la vieillesse, la maladie et la mort qui toujours sont liées l’une à l’autre, le Bodhisattva s’engage à à songer à la délivrance. Elle lui apparait lors de la quatrième rencontre au nord. Ce sera celle d’un religieux errant dans le calme intérieur qui allait sans affection ni haine.
Dès lors Siddhartha sait que l’entrée dans la “religion” louée par les sages est utile à soi et aux autres êtres.