Le dernier voyage

Chapitre 9

Le Bouddha a atteint la dernière année de son ultime existence. Sachant sa fin proche, il s’emploie à poursuivre l’Enseignement. 

Serviteur infatigable du Dhamma, le Bouddha multiplie ses déplacements en dépit du déclin de ses forces. Un jour qu’il séjourne à Pâpâ, le Bouddha et ses compagnons font halte dans une plantation de manguiers dont le propriétaire est Cunda. Il les invite pour leur repas quotidien et leur fait servir quelques mets succulents dont un “régal de porc” qui fut le point de départ de l’aggravation immédiate de sa santé.

Au prix de douloureux efforts, le Bouddha et ses compagnons firent une dernière étape à Kuçinagara. Sitôt arrivé à l’orée d’un bois, le Bouddha fait préparer par Ananda une couche entre deux arbres puis se couche sur le côté, droit, allongé tête au nord et faisant face à l’ouest, en pleine conscience.

” Il se peut, Ānanda, que la pensée suivante vienne à certains d’entre vous: ‘C’en est fini de la parole de l’Enseignant. Nous n’avons plus d’Enseignant.’ Mais ils ne devraient pas penser ainsi, Ānanda, car ce que j’ai déclaré et fait connaître comme le Dhamma et la Discipline sera votre maître une fois que je serai parti. “

Au cours de la dernière veille de la nuit, le Bouddha parcourut tout un cycle de méditation l’amenant par paliers successifs jusqu’au domaine de la cessation de la conscience et s’éteignit. Au jour de son quatre-vingtième anniversaire et comme lors de la naissance, l’Eveil et la Mise en mouvement de la Roue de la Loi, la terre trembla. 

Parmi la foule présente, ceux qui avaient atteint l’état d’arahant – éveillé – ne montrèrent que leur recueillement mais ceux qui étaient encore sur le chemin ne purent contenir leur douleur. Etat sans origine, immuable inaltérable, impérissable, le parinibbana n’est pas un anéantissement mais un achèvement, au delà de la logique et du raisonnement il ne peut être évoqué tant les mots sont impropres à le décrire.

” C’est pourquoi, Ānanda, chacun de vous devrait vivre en ayant lui-même pour île, lui-même pour refuge, sans avoir d’autre refuge; en ayant le Dhamma pour île, le Dhamma pour refuge, sans avoir d’autre refuge. “